Les ânes dans leur milieu naturel
On trouve des ânes dans certaines régions très hostiles du globe comme les déserts africains et également en Asie et en particulier dans le massif de l’Himalaya. Une variété d’ânes sauvages asiatiques, les hémiones peuplent des régions où sévissent des froids extrêmes suivis d’étés torrides et sont parfaitement adaptés à leur environnement. Nos ânes domestiques sont plus d’origines africaines, mais n’oublions pas que dans les déserts les températures élevées du jour peuvent faire place au gel la nuit ! C’est ainsi que dans tous les lieux aux climats rudes, comme la haute montagne par exemple, l’âne a su s’imposer tout naturellement. L’âne, de par ces origines, est un animal robuste qui supportera aisément nos hivers québécois à condition qu’on lui donne les soins appropriés. Attention aux importations d’ânes du sud, qui pourraient avoir des difficultés d’adaptations importantes.
Les repas
La quantité :
Tous les jours, il faut leur donner leur ration de foin selon la taille et le poids) en deux ou trois fois, matin et soir par exemple. La première année, je leur donnais de l’avoine (500 gr) par ignorance, croyant bien faire suite à de mauvais conseils, mais j’ai abandonné cette pratique, car cela rendait les animaux trop nerveux et les étalons en particulier devenaient difficiles à manipuler et rudoyaient les femelles et cela déclenchait des fourbures à certains ânes !
C’est ainsi que j’ai été amené à étudier l’alimentation de l’âne en hiver en l’absence d’informations adaptées à notre climat. Vous trouverez dans la page ’’ nourrir son âne en hiver’’ tous les conseils pour bien nourrir votre âne.
Par grand froid ou avec des femelles gestantes ou allaitantes, je peux compléter avec de l’orge. Pour des animaux qui travaillent ou qui sont affaiblis, lorsque leur réserve de graisse est insuffisante (l’âne stocke ses réserves sur le cou), je peux les complémenter avec un mélange de grains, orge et maïs.
La qualité
Le foin doit être de bonne qualité, sans moisissures, et fait d’herbes de prairies naturelles sans pesticides ou engrais qui pourraient nuire à la santé de nos compagnons. Les foins pour bovins à base d’Alfafa sont à proscrire, car ils peuvent provoquer des fourbures par leur richesse excessive.
Le foin en balle ronde
à proscrire !!!!
La grande balle ronde, d’un poids respectable est relativement économique (entre 15 et 25 $), mais par contre assez difficile à manipuler. La balle de foin étant généralement stockée dehors et couchée sur le côté, pour nourrir les animaux, il faut la basculer, enlever les ficelles et la décortiquer à la fourche. Dans ces conditions, distribuer par tous les temps leur pitance à nos ânes, sans autre outil qu’une fourche, n’est pas une sinécure ! Le foin est presque tout le temps moisi et de mauvaise qualité car les balles rondes sont souvent exposées à la pluie pendant de longues périodes et rarement abritées.
Les balles avec l’humidité peuvent geler et rester collées au sol et les manipuler par grand froid à la main relève de l’exploit sportif ! Les jours de grand vent, il est difficile de prendre le foin sans qu’il s’envole. L’hiver étant souvent très froid et très venteux, pour les deux mois les plus terribles, janvier et février, beaucoup pensent que la solution la plus simple est de mettre la balle complète dans le parc (avec un tracteur) et de laisser les animaux se servir eux même. Outre le fait que le gaspillage va être terrible, au moins 30 % de la balle les ânes enfouissent leur tête dans le foin pour chercher les bons morceaux et leurs yeux sont exposés aux frottements et égratignures. Cette pratique, répandue chez les éleveurs de bovins ou de chevaux est cause de nombreuses cécités. J’ai recueilli deux ânes aveugles à cause de ces pratiques. Pour toutes ces raisons, j’ai abandonné l’alimentation des ânes avec des balles rondes et je vous incite à faire pareil.
La balle carrée
Facile à manipuler, la balle carrée est idéale pour plusieurs raisons. - Souvent le foin est de meilleure qualité qu’en balle ronde, car il n’a jamais pris la pluie et est exempt de moisissures (seulement s’il est stocké adéquatement). - Il est facile de doser la quantité de foin à distribuer et les balles sont aisément manipulables par tous. - On peut facilement s’approvisionner avec son propre véhicule si l’on ne produit pas son foin soi-même.Par contre, plusieurs facteurs doivent être pris en compte. L’espace de stockage doit être à l’abri de l’humidité et suffisant pour avoir toujours au moins 1 an et demi de foin d’avance. - Le rangement des balles se fait à l’huile de coude et après avoir transbahuté quelques centaines de balles... on découvre des muscles que l’on ignorait !
La paille
La paille est souvent utilisée comme litière mais pour l’âne elle a son utilité dans l’alimentation. L’âne a de grands besoins en fibre et la paille complète son alimentation et améliore sa digestion. Il est recommandé de lui en laisser à volonté à grignoter. En avoir quelques balles sous la main peut également rendre service pour aménager un box en vue d’une naissance par exemple. Par manque de cellulose, nos amis à longues oreilles dévorent la grange. Ils ont un besoin vital de bois, de fibres, si ils n’en ont pas, ils vont grignoter les poutres, planches et tout ce qui passe à portée de leurs mâchoires.
Le poteau
Le bois faisant partie de l’alimentation de l’âne dans son milieu naturel, il grignote, ronge ... pour chercher les précieuses fibres dont il a besoin. Un gros poteau, en bois non toxique, planté dans son parc d’hiver lui permettra de ronger à volonté.
L’eau
Avec l’eau, on aborde l’aspect le plus contraignant des soins hivernaux de nos compagnons. Un âne, ça boit et l’eau et l’eau, ça gèle ! Tout est réuni pour em... le brave ami des ânes qui se retrouve avec la canalisation d’eau de la grange gelée et qui passe ces journées à faire des aller-retour avec des arrosoirs d’eau tiède entre la maison et la grange ! L’idéal est de posséder un robinet hors gel. Je le préfère à l’abreuvoir avec une résistance chauffante alimentée par une canalisation d’eau adéquatement protégée car en cas de panne d’électricité, il ne gèle pas... et il est plus écologique. L’âne doit avoir à sa disposition au moins 16 litres d’eau par jour. Pour ceux qui ne peuvent installer un abreuvoir chauffant, la solution est simple, il suffit deux fois par jour de remplir une grosse gamelle de caoutchouc naturel (la glace est facile à enlever) avec un seau d’eau tiède par âne. Le secret de la bonne santé de l’âne en hiver est là, de l’eau, de l’eau, de l’eau et du bon foin !
L’abri
Il est indispensable de fournir un abri pour les intempéries en hiver à nos ânes. Un abri contre le vent, un abri contre la neige ou la pluie. Cet abri devra être accessible en tout temps et l’âne doit pouvoir s’y retirer quand bon lui semble. Il devra être étanche au vent, à la pluie, avoir un sol sain et facile à nettoyer et devra être dans une matière que les ânes ne rongent pas comme du métal par exemple. Tout abris avec des bois traités ou peint sera proscrit car l’âne en grignotant l’abri s’intoxiquera.
L’écurie isolée
Certains mettent leurs animaux dans des écuries isolées et des fois chauffées avec des chevaux et autres animaux.
Avantage : soins plus faciles, pas d’expositions aux intempéries hivernales, eau facile à distribuer. Inconvénient : une mauvaise ventilation, une condensation souvent élevée, la promiscuité, le manque de lumière, le manque d’exercice peuvent fragiliser votre pensionnaire. De plus en espace clos, les maladies galopent, elles ! Les rares ânes que j’ai recueillis et qui ont connu ce style de vie sont plus fragiles et délicats et demandent plus de soins.
Stabulation libre : C’est ce que préfère l’âne. Il a un abris étanche et confortable, une porte ouverte et il entre et sors selon ses envies. L’âne adore passer ses journées dehors à observer son environnement dans le Parc d’hiver.
Le parc d’hiver
L’hiver, la neige, le vent, le verglas peuvent rendre inopérantes les clôtures électriques. Le parc d’hiver où les ânes séjourneront de novembre-décembre à mars-avril devra être entouré d’une solide clôture avec un grillage à vache de 1m20 de haut tendue entre de solides poteaux de bois, le tout surmonté d’un fil électrique (20 cm au-dessus du grillage). Toute ancienne clôture rapiécée, rafistolée avec du fil de fer ou pire, du barbelé est un danger mortel pour vos animaux, en effet tous les ans des centaines de vaches, chevaux, ânes et autres doivent être abattus ou restent infirmes à vie après s’être emmêlés dans une vielle clôture qui devient un piège mortel. Bien sûr, le fil de fer barbelé est à proscrire, car ce barbare procédé abîme, blesse, mutile et tue inutilement nos amis et je ne pense pas que la torture soit le but de nos élevages.